Voyage dans le temps

 

Aujourd’hui je me suis rendue au cimetière du Père-Lachaise accompagné de mon petit cousin Léopold afin d’assister à une visite organisée par le Mémorial de la Shoah autour du thème : Ta mémoire est leur seule sépulture. La visite fut instructive à bien des égards mais je ne parlerai pas ici de ce parcours autour des monuments et représentations symboliques liés aux génocides des Juifs, des Arméniens et des Tutsi, une visite que je conseille vivement tant la période actuelle sème la confusion dans les esprits par l’utilisation constante et inappropriée du terme génocide. 

                                              

J’évoquerai plutôt les instants plus légers qui ont précédé cette visite car arrivée bien en avance, je me suis installée dans un café proche du cimetière à l’angle de la rue du Repos et du Bd de Ménilmontant. 

Dans ce café, L’Ami Justin, je savoure l’instant, un instant un peu magique loin des mauvais souvenirs et me délecte du décor. La table sur laquelle sont posés mon café noisette, un verre d’eau et mon agenda papier est en fait un bureau d’écolier de bois tel que ceux présents dans mon enfance avec un espace creusé dans le bois pour poser les stylos et un trou réservé à l’encrier. Le pupitre que je n’ai pu m’empêcher de soulever en attendant d’être servie, laisse apparaître l’espace de rangement où l’on posait livres et cahiers, mais je le trouve vide, seuls restent les souvenirs!

Le lieu déborde d’objets et de mobiliers appartenant à une époque révolue ou vintage comme on les nomme actuellement : larges fauteuils recouverts de tissus ou de cuir modelés par l’usure, tables de bois anciennes, une machine à coudre Singer, un vélo rustique suspendu au plafond, j’espère d’ailleurs qu’il est solidement accroché, une machine à écrire noire à touches style Remington, un téléphone à cadran, une vieille malle bombée recouverte de bois et de ferrures, un empilement de valises usées par le temps, plusieurs moulins à café Peugeot et tant d’autres choses. Le parquet de bois et le carrelage rétro complètent l’ensemble. 

Il y a peu de monde à cette heure matinale et je peux explorer tranquillement l’espace sous l’oeil bienveillant de la serveuse qui, amusée de ma curiosité, m’autorise à prendre quelques photos et profitant du calme et de l’espace, je m’évade dans une autre époque. 

Un voyage savoureux qui m’a donné l’énergie de poursuivre un parcours mémoriel nettement moins réjouissant.