Le mariage de mes parents


En rangeant les documents d'archives et d'état civil collectés depuis tant d'années, j'ai réalisé qu'il me manquait un certain nombre d'actes assez faciles à obtenir par internet aujourd'hui, mais que je n'avais pas songé me procurer jusqu'à présent. Il en est pour exemple l'acte de mariage de mes parents. 

Après plusieurs refus, la mairie du premier arrondissement de Paris m'envoie enfin l'acte attendu. Cocher la case "généalogie" dans la demande ne convenait pas car la filiation ne pouvait être prouvée, elle n'était d'ailleurs étonnement pas demandée et, c'est donc en cochant la case "autre" (ce qui en soit ne veut pas dire grand-chose), que la machine s'est débloquée! La simplification administrative tant prônée par les politiques ne semble pas avoir atteint tous les bureaux concernés...

Je dispose de peu d'éléments sur le mariage de mes parents en dehors du lieu, de la date du 1er août 1953 et de quelques photos prises à la sortie de la mairie.

 

Cette photo montre les personnes difficilement identifiables mais confirme un comité réduit pour célébrer l'évènement! Outre mon père et ma mère, je reconnais Yosek et Blima, Dora accompagnée probablement de son second mari Albert Rotstein sur la droite. La femme proche de ma mère serait-elle ma grand- mère?

L'identité des témoins est confirmée par l'acte et leurs signatures dont la lecture, qui redonne un peu vie aux protagonistes, est assez émouvante.

À côté de la signature de mon père, que je reconnais aisément car il a conservé la même durant toute sa vie, je découvre celle de ma mère ; comme elle utilisait son nom d'épouse dans tous les documents, je n'avais jamais vu sa signature de jeune fille. 

La signature des témoins fait suite à celle des mariés. 

La première est celle de Dora Podchlebnik, la tante de mon père que j'ai évoqué dans l'article sur la visite au cimetière du Père-Lachaise. Cette tante, épouse de Joseph frère de mon grand-père Rafaël, disparut un jour de nos vies sans plus jamais donner de nouvelles et mon père ne chercha pas non plus à la revoir, me semble-t-il avec le recul. Je devais avoir aux alentours de 13 ans à l'époque de cette "disparition". L'adresse indiquée sur l'acte, 48 rue de Bagnolet, est probablement celle de sa boutique mercerie que nous lui connaissions et où nous allions lui rendre parfois visite ma soeur et moi.

Le deuxième témoin qui a apposé sa signature est Jozef Schwarz, le frère de ma mère, l'écriture de son prénom, un peu alambiquée, est difficile à lire. Jozef, Josek ou Yossle sont des prénoms qui m'embrouillaient car je ne savais jamais s'il s'agissait de la même personne lorsque ma mère parlait de lui. C'est d'ailleurs la première fois que je vois Josef écrit avec un z.. Jozef le sauveur familial, le héros qui conduisit la famille hors de Pologne de Tarnow jusqu'à Kremenets lors de l'invasion allemande de 1939, puis jusqu'en Sibérie lors de la rupture du Pacte germano-soviétique avec pour conséquences la déportation des juifs par les russes vers les camps sibériens. Dans le camp d'Asino près de Tomsk, il sauva ma mère, victime d'un coup de hache reçu dans la cuisse, en la portant jusqu'à un point de secours. Il enterra mon grand-père mort dans la gare de Tomsk, poursuivit le chemin avec les survivants jusqu'en Asie centrale, s'engagea ensuite dans l'armée polonaise en exil pour combattre les nazis, aida plus tard la famille à quitter l'Autriche pour venir s'installer en France etc. 

Sur l'acte est indiqué le domicile de mon père au 70 rue Saint-Honoré. L'adresse d'un petit appartement dans le quartier des Halles qui deviendra celui de mon enfance.

Ma grand-mère Sara déjà très malade au moment du mariage, devait mourir quelques mois plus tard en novembre. Elle était domiciliée avec ma mère Villa du Parc près des Buttes-Chaumont depuis leur arrivée en France à la fin de l'année 1951. La même adresse est également notée pour Jozef, tailleur. Est-ce lui qui avait déniché cet appartement lorsqu'avec sa femme Blima, il était parti à la recherche d'un pays d'accueil pour sa famille ?

Compte-tenu de ses actes de bravoure et de son dévouement, il mériterait largement un récit qui rendrait hommage à sa vie!

J'aime cette photo de ma mère récemment restaurée par Pierre Kobel, un ami de l'APA et de la poésie, elle est un peu antérieure à la date du mariage, peut-être même a t-elle été prise en Autriche.

Elle a illustré l'article écrit récemment pour le blog de l'APA : Ma mère

http://apagrainsdesel.canalblog.com/archives/2023/12/18/40146796.html

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