Un hommage rendu à ma grand-mère Maria par la ville de Sanary


Sanary-sur-Mer, par son histoire si particulière, est devenue ma ville de coeur depuis l'exposition "Exil et transmission" réalisée en 2018 avec mon amie Sophie Hassoun-Beghin.

Et, dimanche 30 avril au cours de la Journée nationale de la commémoration de la déportation et d'hommage aux justes et aux résistants,  la ville a rendu hommage à ma grand-mère Maria, à sa mémoire...

https://www.levaretvous.com/emotions-fortes-a-sanary-pour-la-journee-du-souvenir-des-victimes-et-des-heros-de-la-deportation/52773/

Patricia Aubert, première adjointe, que je remercie chaleureusement, a lu le texte suivant :

 Mireille PODCHLEBNIK, poétesse, passeuse de mots et conteuse inlassable et intarissable, qui fait revivre par la beauté et la douceur de ses mots, tous ceux que la folie humaine a voulu enterrer.

À ses grands-parents : Samuel Steinhardt et Sara Schwarz, Rafaël Podchlebnik et Maria Silberstein.

C’est un poème qu’elle a écrit sur sa grand-mère paternelle, Maria Silberstein, que j’ai l’honneur de vous lire, avec son autorisation, en cette Journée nationale qui fait mémoire des Déportés, des Résistants et des Justes. 

Parce que Maria Silberstein précisément représente toutes ces personnes humiliées, déportées, violentées, torturées, assassinées.

Parce que Mireille, sa petite fille, représente toutes ces personnes, victimes collatérales, dont l’histoire familiale et personnelle a été mutilée par le couperet froid de la haine.

De sa grand-mère paternelle, Mireille ne savait pratiquement rien, excepté qu’elle avait divorcé de son grand-père Rafaël. Son père ne parlait quasiment jamais d’elle.

Alors, pour essayer de savoir qui était cette femme, faire sa connaissance, Mireille est partie à sa recherche, explorant les registres d’état civil et les archives de différents organismes. Elle a beaucoup marché dans Paris pour retrouver sa trace.

Maria est née à Paris, en 1906, à l’hôpital Rothschild, qui accueillait à l’époque les juifs indigents qui étaient le plus souvent les immigrés de fraîche date.

Elle passe son enfance dans le quartier alors très populaire du Marais, rue des Rosiers.

Son père, né à Varsovie, est tailleur, sa mère ménagère.

Elle apprend le métier de couturière et rencontre probablement Rafaël dans un des ateliers où tous deux travaillent.

Ils se marient, Maria a 19 ans et très vitre 3 enfants naissent mais Maria quitte le foyer familial à l’âge de 25 ans.

En octobre 1940, Maria est venue se faire recenser comme juive. 

Puis en juin 1942, presque 2 ans plus tard, Maria se présente à nouveau au commissariat d’arrondissement où après émargement lui sont remises deux « étoiles jaunes ».

Maria, en citoyenne respectueuse de la Loi, a obéi à ces injonctions.

Elle aura porté ce signe distinctif pendant pratiquement un mois, entre le jour où elle se rend au commissariat et celui de son arrestation le 16 juillet 1942, premier jour de la rafle du Vel d’Hiv.

Maria est transférée par le convoi n°12, le 29 juillet 1942 au camp de concentration d’Auschwitz où elle meurt, à l’âge de 36 ans, le même mois que Rafaël."


Maria Silberstein


De ma grand-mère

Maria Silberstein

Il ne reste pas de traces

pas d’objets familiers

Une adresse seulement retrouvée

54 rue du Vert Bois Paris 3ème


J’ai tissé dans ma mémoire

Une étoile imaginaire

Brodée

De mille fils

Qui dansent

Dans des copeaux de rêves

Dans des copeaux de ciel


Voyage narration

Le stylo fétiche

Suspend le cours du temps


Elle veillait

A l’ombre de moi

A l’ombre de ma vie

A l’ombre de ma joie


Elle portait

Les rêves et les souvenirs

La liberté et la poésie


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