SHTTL : un film

 


En ce moment se déroule au centre Rachi à Paris le festival Dia(s)porama. Cet évènement propose la programmation de fictions et documentaires internationaux à thématique juive, inédits en France.

J'ai pu assister hier soir à la projection du film SHTTL présenté à l'occasion de la commémoration de l'ouverture des camps. https://www.youtube.com/watch?v=zsolE6IfheY

L'histoire se déroule en juin 1941 dans un village ukrainien à la frontière polonaise 24 h avant le déploiement de l'opération Barbarossa qui fera près de 5 millions de morts en 200 jours et au cours de laquelle le massacre systématique des juifs (Shoah par balles) par les Einsatzgruppen sera organisé. https://www.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2009-2-page-3.htm

De nombreux membres de ma famille ont péri dans ces conditions et le choix d'aller voir ce film n'est évidemment pas sans lien avec mon histoire personnelle.

Le titre m'avait intrigué par l'absence du e dans son écriture qui n'est pas sans rappeler l'ouvrage de Georges Perec La Disparation, livre que le réalisateur Ady Walter a évoqué lors du débat qui a suivi la projection et qui se réfère aussi à « eux » les disparus.

Le shtetl avec un e est un mot yiddish שטעטל qui désigne une petite ville, un grand « village » ou un quartier juif en Europe de l'Est avant la seconde guerre mondiale.

Dans ce film, réalisé en Ukraine au moment du Covid et terminé en février 2022 lors de l'invasion par les russes du pays, tous les acteurs parlent yiddish. Entendre la langue maternelle et en comprendre la plupart des mots a été un vrai plaisir, un peu gâché cependant par l'agitation incessante des jeunes spectateurs placés devant moi et qui, plongés dans la lecture de leur portable, s'étaient probablement trompé de salle.

Le décor du film reconstitue un village de l'époque où cohabitent laïcs et religieux dans un climat de contrastes et de tensions liés à de fortes divergences. Ces oppositions seront exacerbées lors du retour au village de Mendele le personnage principal « émancipé » revenu de Kiev pour enlever la femme qu'il aime, à la vielle de son mariage. Réalisé en noir et blanc, seules quelques scènes colorées représentent le passé. Un passé qui revient à la mémoire de Mendele lors de ses déplacements dans les lieux emblématiques de sa vie.

Ce film plein de vie, remet en scène un monde disparu. L'arrivée des troupes allemandes clôture le film sans l'envahir et présage la suite que l'on connait...

D'après le réalisateur, le village reconstitué avait pour finalité de rester en l'état en devenant un lieu de mémoire et d'enseignement de l'histoire pour les jeunes ukrainiens.

Mais en restera-t-il autre chose qu'un terrain miné par les russes à la fin de la guerre actuelle?

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