Octobre noir

Un voyage à Madrid contrarié par le terrible attentat terroriste survenu en Israël où réside une partie de ma famille, des rencontres personnelles complexes et la survenue du Covid 19 qui me laisse encore sans goût ni odorat, auront ponctué ce mois que l'on peut qualifier à tous points de vue et sans aucune exagération d'octobre noir.

Avant le départ en Espagne, je suis allée voir Le procès Goldman, film de Cédric Kahn. Pour me remettre dans l’ambiance de l'époque j'avais relu les Souvenirs obscurs d'un juif polonais né en France, un livre enfoui depuis presque 40 ans sur une de mes étagères et qui de ce fait n'a pas été si simple à retrouver. Je me suis souvenue que le jour de l' assassinat de Pierre Goldman, je me trouvais dans le village de Gorbio sur les hauteurs de Menton. J'étais entourée de personnes qui ignoraient jusqu'à son existence et cela m'avait quelque peu heurtée. 

En ce début octobre, le soleil chauffait comme au cœur de l'été et Madrid était envahie d'une foule impressionnante et quelque peu oppressante. Les touristes déambulaient, s'attardant aux terrasses de cafés et de restaurants. Tolède, la ville aux trois cultures, nous a ouvert ses portes et laissé admirer une architecture de toute beauté avec cathédrale, mosquée, synagogues et la maison-musée du Gréco... Mais le jour de cette visite se révélaient au monde les atrocités commises par le Hamas en Israël, 50 ans jour pour jour après la guerre du Kippour, un jour de shabbat. La visite de la synagogue séfarade en fut d'autant plus marquée par la solennité et l'émotion.



Je me souviens très bien de cette guerre survenue peu de temps après mon retour d'Israël en 1973. J'avais voyagé à l'âge de 16 ans dans un pays qui m'ouvrait grand les bras et dans lequel une famille trop peu connue jusque-là se découvrait chaleureuse et accueillante. Yosek, le frère de ma mère et sa femme Blima étaient venus me chercher à l'aéroport de Lod, et pour la première fois je goûtais dans un boui-boui crasseux du houmous généreusement arrosé d'huile d'olive et de paprika. A Karmiel la famille Schwarz était bien présente avec Etka, une soeur de ma mère et son époux Sigmund, Kopel le jeune frère de ma mère et Alice chez qui j'allais habiter pour me rapprocher de Barbara, cousine germaine de mon âge et son jeune frère Sacha. Au Kibbutz Kvar Massarik https://en.wikipedia.org/wiki/Kfar_Masaryk vivait et vit toujours mon autre cousine Sara avec sa famille que j'avais également eu plaisir à voir.

L'été suivant, je passais 2 mois avec ma cousine Barbara à Karmiel en Galilée puis au Kibboutz Maoz Haïm https://en.wikipedia.org/wiki/Maoz_Haim Nous étions sur le pont aux aurores et le travail physique réalisé dans les champs, aux cuisines ou ailleurs, partagé dans la plus ou moins bonne humeur par des gens venus de tous horizons, avait quelque chose d’exaltant. Nous avions alors l'insouciance et la flamme du jeune âge. 

Le retour à Paris avait été difficile mais la survenue de la guerre avait modéré mon désir d'émigrer vers un pays qui, bien que constituant un refuge contre l'antisémitisme, pouvait aussi devenir le tombeau d'une  jeunesse fauchée dans les combats. 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Le mariage de mes parents

Linz, un voyage sur les traces de mes parents