Souvenirs d'enfance : l'école, le lycée

 Aujourd'hui ma mère aurait eu 94 ans selon ses papiers d'identité mais en réalité 96 puisqu'elle s'était, tout comme ses sœurs  après la guerre, "rajeunie" de 2 ans par coquetterie peut-être... Écrire mes années d'école ma rapproche un peu d'elle pour ce jour anniversaire...


De l'école, de mes premières années d'école, je garde peu de souvenirs et me décider à prendre la plume, enfin plus exactement le clavier d'ordinateur pour les rassembler m'aura pris du temps.

Du CP au CM1 j'ai fréquenté l'école primaire qui jouxte l'église Saint-Germain-l'Auxerrois rue de l'Arbre-Sec dans le premier arrondissement de Paris. Je garde de ce lieu quelques rares images dont la cour de récréation bruyante, mitoyenne de l'église, et surtout les classiques bureaux d'écolier avec leurs encriers de porcelaine. Conçu pour 2 élèves, chaque pupitre rivé au sol formait un bloc de bois compact et rigide maintenu par des éléments métalliques. Un jour, à l'heure de la sonnerie, m'apprêtant à quitter la classe, je m'étais coincée la jambe dans l'interstice laissé entre la barre métallique et l'assise. Une équipe technique, probablement, était intervenue pour me « libérer » et l'élève timide et réservée que j'étais avait dû ressentir beaucoup de honte et souffrir de toute cette agitation provoquée autour et à cause d'elle. Par contre de la mémoire de mes institutrices, de leurs cours, des leçons ou amis d'enfance rien ne subsiste.

Cette période aura été plus particulièrement marquée par le chemin emprunté pour me rendre à l'école, un chemin traversé par l'installation matinale et répétée du marché des Halles. Je l'ai retracé depuis dans quelques poèmes.

Odeurs d'enfance les Halles (extraits)

 

Images flashs

Film entrecoupé

Enfance


Le quartier populaire

des Halles


Vibre


Au rythme de Paris


Un cœur bat


Dès l’aube


Sur les chemins d’école 

 

Tourbillons


De couleurs

Fourmilière géante



Bruits et cris

Couleurs saveurs

Odeurs âcres

..

Ellipse de la nuit

Quitter la rue Saint-Honoré

rejoindre


la rue de l’Arbre-Sec


et l’école laïque

qui partage


sa cour avec l’église

Saint-Germain-l’Auxerrois



Arbre sec


arbre sans feuilles

arbre potence

Pour la justice

D’un autre temps


Prudemment

Se faufiler

 

Étreinte douce

Étreinte ferme

Chaleur du lien

La sève coule

Dans les arbres

Odeurs d’enfance


L'été 1965, nous avons déménagé dans le quartier « plus salubre » du dixième arrondissement au 46 rue René Boulanger et ma dernière année de primaire s'est achevée à l'école rue de Marseille, non loin du canal Saint-Martin. De ce lieu, de l'année passée dans cet établissement, je ne garde aucun souvenir.

La mémoire me revient partiellement à partir de mon entrée au lycée Victor Hugo pour filles fréquenté de la 6ème à la terminale et qui ne devint mixte qu'en 1973. Ses deux annexes Barbette et Épernon étaient réservées aux premières années, équivalentes au collège, et ensuite venait le grand lycée, rue de Sévigné, en plein cœur du Marais, un quartier alors bien populaire.Je me souviens des blouses beiges et bleues que nous portions une semaine sur deux, rapportées propres et repassées chaque début de semaine. Dans l'annexe Barbette, où j'étais scolarisée jusqu'à mon entrée au « grand lycée », le vestiaire se trouvait à gauche au fond de la cour.

Porter des pantalons était interdit et les règles de conduite très strictes. Je me souviens de madame Pavie, professeur d'histoire aux cheveux roux flamboyants dont le langage « déluré » détonnait dans ce contexte de rigueur.

Mais les choses ont évolué radicalement après mai 1968. Cette année-là les cours se sont arrêtés avant la fin de l'année et nous passions notre temps d'oisiveté les unes chez les autres. Trop jeunes pour participer aux manifestations, nous suivions les évènements chez une camarade, Jeanine Lévine, agglutinées sur le balcon d'un appartement qui donnait sur le Boulevard de Magenta, proche de la Place de la république. Un jour, nous avons observé les manifestants remplacer par le drapeau rouge le drapeau tricolore qui ornait la façade de la Bourse du Travail, rue du Château d'Eau.

L'année scolaire suivante, une salle d'intercalasses ou de détente, j'ai oublié le nom qu'on lui avait précisément attribué, fut ouverte dans notre lycée. On pouvait fumer, manger sur le pouce, jouer de la guitare, discuter et refaire le monde.

Je me souviens aussi de mon professeur de mathématiques en seconde et première, Mademoiselle Tchigique. Elle portait des lunettes cerclées d'écaille épais et sombre qui lui "mangeaient" presque tout le visage, ses cheveux châtains étaient coiffés en boucles anglaises d'une autre époque que nous avions tout loisir de contempler car elle passait la quasi totalité du cours en nous tournant le dos pour écrire sur le tableau, d'une écriture fine et serrée, le cours que nous recopions, plus ou moins docilement, sans vraiment le comprendre.

Les cours de musique étaient très agités, un vrai défouloir que seule cette matière autorisait, un chahut complet s'installait et le professeur ne maîtrisait rien.

Et je me souviens du premier et unique garçon venu du lycée Charlemagne intégrer notre classe de

Terminale C cette première année où la mixité fut introduite dans les établissements, il pose au premier rang entourée de filles sur la traditionnelle photo de classe.

J'ai déposé à l'APA en 2016 certains souvenirs de mon enfance et c'est un plaisir aujourd’hui de les retrouver pour les écrire autrement et de puiser dans la mémoire pour en faire resurgir de nouveaux.


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