La lettre de ma grand-mère Sara
En écho à l'actualité, ce courrier ressorti de mes archives
Cher neveu
Depuis ton télégramme que tu nous a envoyé en Ukraine, je n'ai pas eu de tes nouvelles. Je regrette de ne pas avoir pu y répondre parce que, peu de temps après l'avoir reçu, j'ai été évacuée en Russie. Là, en un premier temps, on n'a pas accepté de courrier vers l'étranger, et peu après la guerre a éclaté, de sorte que je n'ai toujours pas pu écrire. Cette année, je suis retournée ici avec ma famille. Pas avec toute ma famille, puisqu'en Sibérie sont morts mon mari, trois fils et une fille. Des autres membres de la famille qui avaient vécu ici à Tarnow, nous n'avons plus rencontré personne, car tous ont été assassinés ici. Tes parents proches à toi aussi, à l'exception de deux frères, Siegfried et sa famille et Pinje. Tous les deux sont en Russie. Nous avons rencontré Pinje, puis nous nous sommes de nouveau perdus de vue.Nous allons bien en ce qui concerne la santé. Pour le moment les possibilités d'avoir un salaire ne sont pas les meilleures. Comment vas-tu? J'espère que cette lettre te trouvera en bonne santé. Nous te prions de nous répondre dès que tu auras reçu la lettre. Pour aujourd'hui, plus rien de particulier. Mes enfants et moi, nous te saluons bien cordialement.
Ta tante
De retour en Pologne à Tarnow en 1946, ma grand-mère Sara raconte dans cette lettre adressée à son neveu Wolf Steinhardt ce qu'il advint de ses proches durant la guerre. Elle put échapper aux massacres avec une partie de la famille en se réfugiant à l'Est jusqu'en Asie Centrale.
Née dans cette partie de la Pologne, la Galicie qui jusqu'en 1918 appartenait à l'Empire austro-hongrois, elle maitrise parfaitement la langue allemande. Son courrier a été traduit en français par mon éditeur allemand Rüdiger Fischer en 2007.
Rüdiger, un pacifiste emprunt d'humanité, n'aura pas heureusement pas connu cette période dramatique de guerre en Ukraine qui voit resurgir la barbarie.
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