Service International de Recherche

Alors que nous sommes confinés depuis bientôt 2 mois à cause de ce satané coronavirus, je range et trie quelques archives. J'ai choisi plus particulièrement aujourd'hui de m'occuper du dossier relatif à l'International Tracing Service ou I.T.S qui comporte nombreux courriers et documents d’archives.
En effet, pendant des années à partir de septembre 2009 et jusqu'en 2013, j'ai correspondu régulièrement avec cet organisme situé à Bad Arolsen en Allemagne  https://arolsen-archives.org/en/
J'adressais courriers et mails à la Mission française de Liaison de l'I.T.S. chargé de retrouver les traces et le destin des victimes des persécutions durant le deuxième conflit mondial.
À chaque demande, j'indiquais les noms et prénoms des membres d'une famille qui me devenait un peu plus familière au fil du temps et dont je voulais reconstituer l'histoire restée jusque-là dans le plus grand flou. 
M'approprier les noms, prénoms et lieux étranges et étrangers de chacun d'entre eux m'avait demandé beaucoup d'efforts. Tous portaient des noms similaires d'une génération à l'autre et l'orthographe d'un même nom variait en fonction des documents et des traductions.
Les premières réponses s'étaient révélées négatives, les archives ne se dévoilant que très progressivement.
Puis de liens en liens, d'instances en insistances, je récupérais quelques renseignements. 
Les plus marquants voire bouleversants ont été reçus le 24 mars 2011. Il s'agissait des relevés administratifs de « l'incarcération » à Drancy de mes grands-parents et de mon grand-oncle paternels avec les précisions glaçantes de leur destin à Auschwitz. 
Presque deux ans plus tard, le 20 mars 2013, un nouveau courrier précisait la dernière adresse de ma mère à Tarnow en Pologne : Lwowska, 7 ainsi que les noms des camps pour personnes déplacées où elle vécut jusqu'en 1951 avec sa mère, son jeune frère Kopel et sa sœur Shinka : Wegscheid, Ebelsberg et Asten en Autriche.
Mes interlocutrices de la mission de liaison, que je remercie pour leur dévouement, se sont mises avec beaucoup de tact à ma "disposition pour contribuer à mon douloureux travail de mémoire ".
Avec surprise, j'ai redécouvert dans nos derniers échanges un document concernant mon père : la copie de sa carte d'inscription par le A.J.D.C. (American Joint Distribution Committee) Emigration Service à Paris, en vue d'émigrer en Australie, datée du 30 octobre 1948. https://www.jdc.org/about/
De son vivant, jamais il n'avait évoqué cette démarche.
Pourquoi avait-il choisi l'Australie? Avait-il des connaissances, des membres de sa famille qui s'étaient installés là-bas? Voulait-il fuir son propre pays pour oublier le rôle sinistre qu'il avait joué dans l'extermination des siens ? Toujours est-il qu'il ne donna pas suite pour une raison qui me restera toujours inconnue. 
Et ironie de l’histoire, au moment même où mon père cherchait à émigrer en Australie, ma mère à partir du camp pour personnes déplacées près de Linz où elle se trouvait déjà depuis pratiquement un an, constituait avec sa mère Sara un dossier comprenant les affidavits indispensables pour émigrer vers les États-Unis.
Mais ni mon père, ni ma mère ne réaliseront leur désir d’émigration.





Commentaires

  1. Chaque fois que je me retrouve face à l’histoire de notre famille je suis très émue… merci Mireille pour ton travail ! Sacha

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    1. J’essaie de laisser des traces pour que les générations qui nous suivent n’oublient pas l’histoire de notre famille!

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