Passagers du vent-Vague noire
Première semaine du confinement
J1
Soudain la ville
fut plongée
dans le silence
Vertige
Rues désertées
absence
Fragiles et solitaires
Nous sommes
passagers du vent
éclats de poussières
J2
Circulation raréfiée
la nature reprend ses droits
Les oiseaux
piaillent
à pleine voix
Vivre l'instant
Dans la rue
les rares passants
masqués
sortis du cocon maison
vont se ravitailler
à vive allure
J3
Ciel opaque laiteux
mirage
Un bus passe
Le soleil printanier
adoucit
les nouvelles
graves
Bergame pleure ses morts
J4
Un air de fin du monde
hôpitaux débordés
Poursuivre
un semblant de normalité
et le monologue
du quotidien
A la radio
Edgar Morin
parle de ses origines
espagnoles
J5
Au réveil
coupelle brisée
Corps cernés,
corps contraints
Et les pensées en liberté
s'envolent
s'affolent
J6
Un dimanche
comme un autre jour
repères abolis
le temps s'étire
Dans le jardin
les fruitiers en fleurs
ne se doutent de rien
Herbe tondue
les pies viennent
se nourrir des vers de terre
visiteuses improvisées
Ne plus écouter
les nouvelles
au risque
de la déraison
Rester chez soi
Tisser sa toile
J7
Soleil et ciel bleu
ouvrent l'horizon
à travers la fenêtre
Rompant le silence
toujours pesant
les sirènes des ambulances
ou de la police
au loin
L'herbe tremble
sous le vent
où sont passés
les chats du voisinage ?
Le 31 mars 2020
Ne pas avoir peur
occuper le quotidien
Aujourd'hui nettoyer les tapis
L'âme humaine
souvent noire
peur haine
et rejet de l'autre
se dévoilent
Soudain la ville
fut plongée
dans le silence
Vertige
Rues désertées
absence
Fragiles et solitaires
Nous sommes
passagers du vent
éclats de poussières
J2
Circulation raréfiée
la nature reprend ses droits
Les oiseaux
piaillent
à pleine voix
Vivre l'instant
Dans la rue
les rares passants
masqués
sortis du cocon maison
vont se ravitailler
à vive allure
J3
Ciel opaque laiteux
mirage
Un bus passe
Le soleil printanier
adoucit
les nouvelles
graves
Bergame pleure ses morts
J4
Un air de fin du monde
hôpitaux débordés
Poursuivre
un semblant de normalité
et le monologue
du quotidien
A la radio
Edgar Morin
parle de ses origines
espagnoles
J5
Au réveil
coupelle brisée
Corps cernés,
corps contraints
Et les pensées en liberté
s'envolent
s'affolent
J6
Un dimanche
comme un autre jour
repères abolis
le temps s'étire
Dans le jardin
les fruitiers en fleurs
ne se doutent de rien
Herbe tondue
les pies viennent
se nourrir des vers de terre
visiteuses improvisées
Ne plus écouter
les nouvelles
au risque
de la déraison
Rester chez soi
Tisser sa toile
J7
Soleil et ciel bleu
ouvrent l'horizon
à travers la fenêtre
Rompant le silence
toujours pesant
les sirènes des ambulances
ou de la police
au loin
L'herbe tremble
sous le vent
où sont passés
les chats du voisinage ?
Le 31 mars 2020
Vague noire
Deuxième semaine du confinement
J8
Froid glacial peu printanier
la radio du matin
égrène les nouvelles
alarmantes
le confinement s'étend
la radio du matin
égrène les nouvelles
alarmantes
le confinement s'étend
Vie paralysée
Vie ralentie
Vie suspendue à la vacuité
Vie ralentie
Vie suspendue à la vacuité
Joie hier
de trouver
dans ma boite aux lettres
le livre de Daniel Bénédite
Un chemin vers la liberté sous l'occupationA quand notre liberté ?
de trouver
dans ma boite aux lettres
le livre de Daniel Bénédite
Un chemin vers la liberté sous l'occupationA quand notre liberté ?
J9
Corona killer
Idées noires
black out
Idées noires
black out
Ciel pur bleu
phosphorescent
lumière soleil
phosphorescent
lumière soleil
Un rythme à tenir
dans l'irréalité
du quotidien confiné
dans l'irréalité
du quotidien confiné
Aujourd'hui cuisiner
galettes de riz aux courgettes
utiliser le lait
avant qu'il ne tourne
mal
galettes de riz aux courgettes
utiliser le lait
avant qu'il ne tourne
mal
J10
Sortie masquée
pour ravitaillement
Anxiété
mes mains
mes pas
transmetteurs du virus
la mort en moi
la mort en nous
pour ravitaillement
Anxiété
mes mains
mes pas
transmetteurs du virus
la mort en moi
la mort en nous
Boutiques désertées
les caissières mal protégées
bricolage de masques
plastique écran
devant les visages
illusoire calfeutrage
vite rentrer
les caissières mal protégées
bricolage de masques
plastique écran
devant les visages
illusoire calfeutrage
vite rentrer
J11
Deux voisines
au loin dans la rue
un signe réconfort
au loin dans la rue
un signe réconfort
Moindre agir
et pourtant
fatigue
lassitude
et pourtant
fatigue
lassitude
La vague noire
se dessine
une jeune fille de seize ans
est morte hier
se dessine
une jeune fille de seize ans
est morte hier
Ne pas avoir peur
occuper le quotidien
Aujourd'hui nettoyer les tapis
J12
Le soleil
fidèle au rendez-vous
imperturbable
malgré le naufrage
fidèle au rendez-vous
imperturbable
malgré le naufrage
Confusion des jours
et des sentiments
et des sentiments
L'âme humaine
souvent noire
peur haine
et rejet de l'autre
se dévoilent
J13
Prolongation du confinement
jusqu'au 15 avril
mais sûrement davantage
jusqu'au 15 avril
mais sûrement davantage
Le passage
à l'heure d'été
ce dimanche fin mars
désoriente à peine
dans la désorientation
totale
à l'heure d'été
ce dimanche fin mars
désoriente à peine
dans la désorientation
totale
Repères abolis
Esprit vagabondage
mon père
visions flashs
mon amie Sophie
comment aurait-elle
vécu ce drame
mon père
visions flashs
mon amie Sophie
comment aurait-elle
vécu ce drame
Aujourd'hui
absence des êtres chers
si vivement ressentie
absence des êtres chers
si vivement ressentie
J14
Renouer le fil des amitiés
devenues lointaines
s’enquérir d'une famille
quasi inexistante
devenues lointaines
s’enquérir d'une famille
quasi inexistante
Se rapprocher de l'autre
rompre la solitude
rompre la solitude
Essentielle radio publique
pour compagne
Lettre lue ce matin
Annie Ernaux
s'adresse au président
percutante d'humanité
de vérité
pour compagne
Lettre lue ce matin
Annie Ernaux
s'adresse au président
percutante d'humanité
de vérité
Le 2 avril 2020
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