Les archives nationales de Lodz


Archives nationales de Lodz

Il y a quelques années, allant acheter des médicaments à la pharmacie de mon quartier, je fis la connaissance d’une femme avec qui j’allais nouer des liens précieux.
Examinant l’ordonnance que je lui tendis elle prononça mon nom avec un accent slave d’une façon tellement inhabituelle par sa perfection que je ne manquais pas de m’en étonner et de m’en réjouir tout en lui demandant de quel lieu elle était originaire. Ainsi, j’appris que cette femme chaleureuse venait de Galicie en Pologne et que le train qui la conduisait le matin à l’école s’arrêtait en gare de Rozwadow, ville de naissance de ma mère.
Par cette rencontre, je nouais un nouveau lien avec mes origines.
Nous eûmes par la suite de nombreux échanges sur l’histoire des juifs de Pologne dont elle ignorait la réalité de toutes les persécutions. Des années de communisme avaient édulcoré l’histoire et son enseignement.
Elle fut une aide précieuse pour la recherche et la traduction des documents reçus des archives de Lodz fin 2011.

Les documents relatifs à ma famille paternelle, comportaient le recensement de la ville de Lodz de 1918 et les états d ‘occupation et de libération de leur appartement à l’époque du ghetto.



(Archives nationales de Lodz)


Une lecture attentive me donna de précieux renseignements. Mon arrière grand-père, Abram Podchlebnik,mort dans le ghetto de Lodz, avait enfin une existence.
Marié à Hanna Katz, il avait eu 4 enfants nés à Uniejow et Vilna, dont une fille Dora décédée en bas âge.
Il s’était installé à Lodz au début du siècle dernier,  avec sa femme, leurs deux fils Joseph et Rafaël et leur fille Rywka, pour s’établir comme tailleur dans cette ville au développement industriel textile florissant.
Ils habitèrent une rue qui changea plusieurs fois de nom au cours du temps et des évènements politiques.
Le recensement de la ville de Lodz de 1918, la désigne comme rue Aleksandowska.
Elle sera Ulica Zydowska (rue aux juifs) lors des demandes successives de naturalisation faites en France par mon grand-père Rafaël qui quitta la Pologne avec son frère Joseph en 1920. A l’époque du ghetto de Liztmannstadt, cette rue fut rebaptisée Cranach Strasse  par les allemands qui gardaient leur âme artistique en toutes circonstances et dès la fin de la guerre en 1945 elle deviendra la rue des combattants du ghetto de Varsovie ou Bojownikow Getta Warszawskiego.
L’arrière-grand-père dont j’ignorais tout jusqu’à récemment habitait l’appartement 32 du 13 Cranach Strasse à Lodz où il vécut jusqu’à l’âge de 73 ans.
Bien sûr il me sera difficile de ne pas penser à la souffrance qu’il connut dans les terribles conditions de survie du ghetto et probablement dans sa longue vie de labeur, mais il connut aussi une vie de mouvance, de travail et de quotidien avec tous ses aléas.





Fiches de résidence des habitants du ghetto de Lodz
(Archives nationales de Lodz : actes de l'association des anciens juifs du ghetto)











Le 20 août 2015 

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