Poésie




 Le 18 mars 2017

 Année nouvelle

Dans une brume
au crépuscule
Des cristaux de lumière
Dessinent
la plaine

Les arbres calfeutrés
Étendent
leurs rameaux dénudés
Soudainement
Recouverts
D’un manteau
De givre

A l’orée de la forêt
Le paysage silencieux
Fête
le premier jour
D’une année nouvelle



Écho

Je suis l’oiseau
solaire
La muse solitaire
La porte du néant
Dans le désert couchant

Un écho à l’absence
Une nuit qui vacille
le silence
et puis l’oubli




Odeurs d’enfance les Halles

Images flashs
Film entrecoupé
Enfance

Le quartier populaire
des Halles
Vibre
Au rythme de Paris

Un cœur bat

Dès l’aube
Sur les chemins d’école
Tourbillons
De couleurs
Fourmilière géante

Bruits et cris
Couleurs saveurs    
Odeurs acres

Ellipse de la nuit

Dans le bistrot
Du petit jour
Cafés noirs
Et verres de blanc

Filtrant les volutes de fumée
Le terroir
Colle à la peau

Les passions
Embrasent
Les nuances des saisons

Théâtre improvisé
«  Voici le temps des assassins »
Gabin est le patron
Entre rêve et réalité

Chaque jour
Le même univers
Submerge le paysage

Marcher
En oubliant le chaos

Bitume aux détritus
Prouesse
Promesse

Ne pas se salir
Ne pas glisser
Sauter par-dessus
les flaques
Enjamber
les caniveaux

Eaux troubles
Ruissellement
Danse sauvage
Jets d’arrosage

Hurlements de ménagères
Argot de quatre saisons

Poissons sur mer de glace
Fruits légumes
Pommes pourries
Pomme d’api

Routine des bouchers
Quartiers de viande
Et traces sanglantes
Maculent
les tabliers blancs

Cageots empilés
Boites à mirages

Entre pelures et déchets
Jeu d’esquives
jeu de hasard

Les diables
En grinçant
Voltigent
Parmi badauds et passants

Quitter la rue Saint-Honoré
rejoindre
la rue de l’Arbre Sec
et l’école  laïque
qui partage
sa cour avec l’église
Saint-Germain l’Auxerrois

Arbre sec
arbre sans feuilles
arbre potence
Pour la justice
D’un autre temps

Prudemment
Se faufiler

Étreinte douce
Étreinte ferme
Chaleur du lien

La sève coule
Dans les arbres
Odeurs d’enfance


Le 1 novembre 2016

Un poème d'automne et de toute saison

La lune écarlate
tisse un reflet de soie 
Sur mes paupières closes

Pupilles aux reflets
Brume argent
Je ne sais où va le vent

Une vie dans un écrin
le soleil rit
Au bout du chemin   


La fabrique de la mémoire Fondamente le 23 juillet 2016


Je vous propose ce soir, une balade en poésie, une balade qui est aussi une quête de la mémoire.
Le récit poétique que je construis au fil du temps est lié à un long travail de recherches et s’élabore autour des souvenirs et de la transmission.
Je suis partie sur les traces de ma famille disparue durant la guerre et à partir de cette histoire familiale dramatique, marquée par la grande histoire et qui d’une façon ou d’une autre touche chacun d’entre nous, j’ai voulu rendre vivants les absents.

Les textes que vous allez entendre ont été pour certains à l’origine des créations artistiques de Sylvie qui depuis plusieurs années déjà illustre mes recueils de poésie. Ils sont pour la plupart extraits de différents recueils, certains sont encore inédits.

I- La poésie pour combler l’absence et le vide, l’exil en poésie

La poésie

La poésie
Traverse les rivages
Comme une larme
Sur la grève
Traçant les rêves
Des étoiles


Exil

Je porte en moi
Le lourd mystère
La peine des exclus
A jamais disparus

Dans les plaines de l’Est
Et les forêts glacées
L’oiseau frissonne
Et son chant lancinant
Exhume les traces du passé

Je porte en moi
La chaîne des esclaves
Titubants et transis
Sous le joug récurent
Des haines séculaires

Je porte en moi
L’incertitude
Sans attaches et sans patrie
Les racines brisées
Par l’absence des morts
Sans sépultures

L’écriture est un naufrage
Où s’écueillent les jours
Les pays désertés
et les rêves obscurs
Le cheminement perpétuel
De la mémoire en exil.

Encre de vie

Écorces de rêve
L’arbre du temps
Porte vers l’infini
Ses rameaux de nuit

L’écriture anime l’espoir
Par delà
Cette sève naissante

Encre de vie
Sur la pierre de rêve
Les mots s’écoulent
En floraison de pluie

Mémoires

Mémoires des marées
Lointaines
Le vent danse sur la grève

Dans une parabole
Se déroule
La trame indicible des rêves

Les rivages emportent
Les souvenirs
De tous les voyageurs
Sans visage

Marche invisible
Marche de l’ultime

En silence leurs pas
S’esquivent
Au bord de l’eau

Les absents
Parés de longs manteaux de brume
Façonnent le crépuscule

Le souffle à la dérive
Je sillonne
Les méandres de leurs existences
Je me nourris de leur lumière
Je suis
Le passeur de sens

La poésie

La poésie
Enlace les méandres
De nos vies
Se délite avec les nuages
Et ravive dans le silence
Un parfum d’éternité


Mémoires

Je suis tissée de souvenirs
De mémoire et de  silence
D’espoir
au cœur de l’indifférence

Je suis maillage
d’une histoire
un cristal d’eau
dans les nuages

Lorsque de terre épris
Mon corps sera
Sur les sentiers fleuriront
Campanules et lilas
Campanules et lilas

Sillons
La mer trace 
Sur le sable 
  
Des sillons
dansants
Des sillons 
D'argent
Portés 
Par le vent

Paris
Longtemps
à travers tes quartiers
j’ai erré
cherchant les souvenirs
d’une enfance effacée,
une odeur,
un geste
ou un regard lointain
d’hier ou de demain.
Mémoire factice
image à inventer,
dans les rues de Paris
je saurai te trouver.
 
Les liens de l'absence

J’imaginais une femme
Au giron chaleureux
Des bras refuge où lover
Mon enfance à consoler
Le visage inconnu
D’une grand-mère attendue

Et pourtant jamais
Elle ne fut au rendez-vous

Les confitures à savourer
Aux longues vacances d’été
Les week-ends impromptus
Aux langueurs argentées
Les petits mots d’attente
Et les jeux surprises
Jamais n’auront existé

Et son mari le complice
Le grand-père rude
Au masque de tendresse
Le fabricant de jouets
De bateaux à voguer
Il aurait été
Le magicien de l’espoir

J’aurais pu être avec eux parfois
J’aurais pu devenir moi
Une petite fille espérée
Une petite fille riche de joies

Mais lorsque je suis née
Ils n’étaient déjà plus là
Emportés par le flot des innocents
Larmes au vent


Une musique
Venue du pays d’autrefois
Une musique
Entre Orient et Occident

Aux couleurs chatoyantes
Aux couleurs lancinantes

S’élève
Par-dessus les toits

II- Les ancêtres : d’où viennent-ils ?

Maria Silberstein

De ma grand-mère
Maria Silberstein
Il ne reste pas de traces
pas d’objets familiers
Une adresse seulement retrouvée
54 rue du Vert Bois Paris 3ème

Ébéniste

Ébéniste, mon grand-père
Sur ton établi
D’un autre âge
Les copeaux valsent
Dans le bois s’inscrit
La mémoire du temps
Odeur de patine
Les secrets rangés dans les tiroirs
Des commodes
Gardent leur charme désuet

Dans ton pays de neige et de troïkas
tes mains d’ébéniste
donnaient vie au bois

A Rozwadow, Tarnow ou Kremenetz
Villes mirages ou lieux d’ancrage
Artiste artisan
Comme un manouche
Tu t’en allais
Avec espoir
Vers un ailleurs

Le rabot de tes fils
Compagnons du voyage
Rayonnait devant l’œuvre achevée

Baladin d’infortune
Etranger des jours meilleurs
Tu rêvais
Un monde pacifié

Aujourd’hui ta mémoire
Loin des terres gelées
Vagabonde
Sous les étoiles
La poésie

La poésie
S’allie au souffle
De l’enfance
Comme une nuit
Sans ancrages
Dans l’incertitude du vent


III-Le lien : l’atelier, théâtre de mon enfance 

Tailleurs pour femmes


IV-Pour conclure : la vie en trois poèmes

Lieux qui ne sont plus

Une porte encore
S’est refermée
sur mon enfance

La maison de mes parents
absorbée
dans le silence
des lieux
qui ne sont plus
devient illusion

Et je reste
Compagne de l’instant
Compagne du souvenir

Dans un temps
étrange et absolu

Un temps figé
toujours présent
Qui perpétue
l’enfance en moi

Un temps perdu
Un autre espace
dans lequel
je  n’existe plus

Solitaires destinées
 
 
Que restera-t-il des mots
Jetés
Sur des feuillets
Épars 
Ces mots de rencontres 
                 et de hasards
Tracés
Jour après jour
Dans l’espoir illusoire
Que l’exil
En chacun de nous
Sera moins lourd
à porter

Ce partage
En écriture
N’est-il pas celui de nos incertitudes
                              de notre désir
D’unir
Nos solitaires destinées
Par le sceau
De l’encre et du sang


Arbres de vie


 Le 16 novembre 2015

Arbres de vie 

Nous sommes
des mots fragiles
et passagers
Inscrits dans un temps
Immuable
Qui poursuit sa course

Nous sommes
des palettes de couleurs
Et des ombres de douleur

Nous ancrons
notre histoire
Au plus profond de la terre
Et sur la terre
Pour mieux nous élever
Au-delà des  cieux

Nous sommes
des vies
Unies
Par l’amour et l’amitié

Nous sommes
des arbres
Racines et rameaux
Tissés et métissés

Nous sommes
des Arbres de vie


Petits poèmes de l’été 2015

Lorsque de terre épris
Mon corps sera
Sur les sentiers fleuriront
Campanules et lilas

Boîtes à miracle
Tons de nacre
Les boutons chantent
Un air d’opéra

Sur la vitre
Une goutte de pluie
Lame de fond
Au son d’une larme

Fils en couleurs
Bobines images
Sur une toile
Un paysage

Bobines enchevêtrées
Tissages métissages
Trame de géomètre
A ordonner

Une texture
A fleur de peau
Tissus et doublures
Rouleaux de soie

Comme au cinéma
Coudre les mots
A petits points serrés
Sur une toile usée


Le 3 août 2015

Lieux qui ne sont plus
  
Une porte encore
S’est refermée
sur mon enfance

La maison de mes parents
absorbée
dans le silence
des lieux
qui ne sont plus
devient illusion

Et je reste
Compagne de l’instant
Compagne du souvenir

Dans un temps
étrange et absolu

Un temps figé
toujours présent
Qui perpétue
l’enfance en moi

Un temps perdu
Un autre espace
dans lequel
je  n’existe plus

Extrait du recueil Mosaïques 
 
Écho de l'oubli

Puisqu’il faudra
gravir
un jour
les marches du silence

Puisque les mots de nos amours
se feront
l’écho de l’oubli

Laissons croître l’arbre du temps
et se tisser
la poésie

Que ses branches emportent
Les saisons de pluie

Laissons les étoiles
palpiter dans le vent

Extrait du recueil  Passeur de sens

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